Lorraine-nord Les déserts médicaux s’étendent : quelles solutions ?

22/01 Lorraine-nord Les déserts médicaux s’étendent : quelles solutions ?

Le nord-lorrain n’échappe pas au phénomène du manque de médecins dans les campagnes et bientôt dans les villes. Les maisons de santé pluriprofessionnelles, comme celle de Saint-Privat, constituent un remède à ce problème des déserts médicaux. Mais le mal est profond et elles ne règleront pas tout.

En Lorraine-nord comme sur l’ensemble de l’Hexagone, les déserts médicaux s’étendent, plus particulièrement dans les campagnes, même si les grandes villes, à l’instar de Metz et Nancy, ne sont pas épargnées.   Photo RL /Pierre HECKLER

Les médecins et les infirmières fuient les hôpitaux. Les services d’urgence sont toujours aussi malmenés par des flux toujours trop importants de patients et du personnel en sous-effectif. Les spécialistes se sont évanouis au fil des années et les médecins généralistes n’ont pas été remplacés. Nombreux sont les territoires qui ne comptent plus de blouses blanches ornées de stéthoscopes. On est loin du temps où le médecin vendait sa patientèle avant de prendre sa retraite.

En Moselle comme sur l’ensemble de l’Hexagone, les déserts médicaux s’étendent , plus particulièrement dans les campagnes même si les grandes villes, à l’instar de Metz et Nancy, ne sont pas épargnées.

« C’est catastrophique ! » Ils témoignent de leur galère pour trouver un médecin

Se regrouper entre praticiens

À Saint-Privat-la-Montagne, Jean-Daniel Gradeler est installé dans la maison de santé pluriprofessionnelle qui a ouvert ses portes en 2019. Elle compte quatre médecins, trois infirmières. « Nous avons chacun nos locaux mais nous partageons un projet de santé. »

Cette structure se situe en « zone d’action complémentaire ». Ce qui signifie qu’en matière de soins, la situation n’est pas catastrophique, mais elle pourrait le devenir si rien n’est fait. « C’est une façon de lutter contre les zones de désertification », précise Jean-Daniel Gradeler. Le médecin explique que travailler en équipe professionnelle est un atout considérable, pour les praticiens, pour la patientèle. « On communique beaucoup entre nous, on participe à la permanence des soins, on fait des gardes ».

Les « zones d’intervention prioritaire » représentent les territoires caractérisés par un faible niveau d’accessibilité aux soins. Les « zones d’action complémentaire », moins impactées par le manque de médecins, nécessitent de mettre en œuvre des moyens pour éviter que la situation ne se détériore. Les « zones hors vivier » sont caractérisées par une offre de soins considérée comme satisfaisante.

Soulager les médecins déjà en place

Sa consœur Christine Lefebvre Kaczmarz y voit un autre avantage : « L’accueil de stagiaires permet de disposer d’un pool de remplaçants, et ces derniers peuvent ainsi se faire une patientèle. L’un d’eux s’est déjà installé à l’étage, une autre est en passe de s’associer ». « Les anciens médecins, déjà saturés, sont soulagés et les nouveaux patients ne sont jamais rejetés. »

Les médecins engagés dans une maison de santé pluriprofessionnelle signent un projet de santé dans lequel ils s’engagent dans des missions de santé publique, pour assurer les soins non programmés. « Sans cette maison de santé, jamais nous n’aurions pu ouvrir à la vaccination contre le Covid », insiste Christine Lefebvre-Kaczmarz. « Nous avons travaillé avec les pharmaciens pour l’approvisionnement des vaccins, nous avons même partagé des agendas Doctolib pour aider les autres collègues qui travaillent seuls », ajoute Jean-Daniel Gradeler.

À Saint-Privat-la-Montagne, la maison de santé pluriprofessionnelle qui a ouvert ses portes en 2019 compte quatre médecins et trois infirmières.   Photo RL /Fred LECOCQ 

Pallier le manque de spécialistes

Saint-Privat-la-Montagne est une commune quelque peu reculée. Pour avoir accès à un spécialiste, ophtalmologiste, dermato, ou gynéco, il faut parcourir des dizaines de kilomètres et faire preuve de patience. C’est la raison pour laquelle Christine Lefebvre-Kaczmarz assure toujours les consultations gynécologiques. Les médecins généralistes peuvent les pratiquer pour pallier le manque de gynécologues. « Avant que les sages-femmes n’arrivent au village, je faisais également les suivis de grossesse. Mes collègues hommes m’envoient encore des patientes qui préfèrent s’adresser à une femme. »

Le travail d’équipe résout pas mal de problèmes : « La présence des infirmières permet un suivi conjugué des patients compliqués. Avant, j’allais à domicile et il fallait que je cale un rendez-vous qui colle avec l’infirmière. » « Une structure comme celle-ci permet d’améliorer l’efficience de la santé. »

406 600 €

En septembre 2021, la région Grand Est s’est engagée financièrement à lutter contre les déserts médicaux. À ce titre, elle a débloqué 406 600 € pour créer des maisons de santé, dans la Fensch ou encore le Pays-Haut. Dans le même esprit, elle a renouvelé des aides financières (157 000 €) pour les internes de médecine générale assurant des stages dans les zones en tension, et pour les créations de maison de santé pluriprofessionnelles.